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Philippe Risoli : « Confidences pour confidence »

15/10/2023

Philippe Risoli : « Confidences pour confidence »

Star Quiz, La Nouvelle affiche, Direct, Viva la vie, Jeopardy, Succès fous, Interville, Millionnaire, le Juste Prix, l’École des Fans, que d’émissions qui ont marqué l’histoire de la télévision. Leur dénominateur commun ? Leur animateur emblématique Philippe Risoli avec son légendaire lancer de micro. Retiré du petit écran, c’est vers l’écriture et la comédie qu’il s’est déployé. Et ça lui réussit. Il sort un nouveau roman dans lequel il raconte avec tendresse ses souvenirs d’enfance et ses débuts professionnels. 

Daphné Victor : Pourquoi avoir ressenti le besoin de livrer tes souvenirs maintenant ?
Philippe Risoli : Ce sont les circonstances, le fait que la dernière personne qui m’ait vu naître soit partie, en l’occurrence mon père. Je voulais raconter la vie du jeune homme que j’ai été dans les années 60/70/80 à travers des choses drôles et moins drôles.

 

DV : Le fil conducteur du livre est le réveillon de Noël.
PR : J’ai voulu organiser une dernière fois un réveillon de Noël comme cela était la coutume dans ma famille avec les personnes qui avaient pour habitude d’y participer. Chaque chapitre revient au Noël de mes douze ans. C’est un âge charnière où l’on est en passe de devenir un jeune homme, où l’on ne sait pas encore tout analyser, mais où l’on commence à comprendre les choses. C’est ça que je trouvais amusant.

 

DV : En fait, c’est un hommage à ta famille ?
PR : Plus particulièrement à mes parents. Mais c’est aussi en filigrane, une façon de parler de ma passion dévorante pour la radio et la télévision et d’y raconter comment j’ai réussi à rentrer dans ce métier alors que j’étais issu d’une famille modeste du XVIIIème arrondissement de Paris.  

 

DV : C’est un livre qui fait aussi la part belle à l’interrogation.
PR : Tout ce que j’y raconte est en effet source de discussion. Par l’histoire de mon grand-père, je m’interroge sur l’immigration. Par celle de ma mère, sur la fin de vie. Je parle de la dépendance à la cigarette. Je pose la question du service militaire. De façon plus anecdotique, j’évoque mes voyages et ma peur en avion. Je parle aussi d’écologie. 

 

DV : Tu dis de ta mère qu’elle a été le premier amour de ta vie. Comment définirais-tu ta relation avec ton père ?
PR : Elle était plus compliquée, plus rugueuse quand j’étais jeune, car il était d’une sévérité excessive. Avec lui, il fallait marcher droit. La moindre mauvaise note prenait des proportions. Il s’est adoucit lorsque j’ai obtenu mon baccalauréat. Mon entrée à la fac l’a apaisé. On s’est vraiment rapprochés au décès de ma mère. Lui qui ne me parlait jamais de rien, a commencé à me raconter des petits bouts de son enfance. Et plus on s’approchait de la fin, plus il était prolifique.  

 

DV : Tu as été très présent à ses côtés. Il n’a pas souhaité que tu le vois partir, d’où ses derniers mots de te faire savoir qu’il t’aimait. 

PR : Il voulait partir dignement et ne souhaitait pas que je sois présent, d’autant qu’il connaissait mon rapport à la mort. Il voulait me l’éviter. C’est pourquoi, avant que le cancer ne l’emporte, il a demandé à l’infirmière de me dire qu’il m’aimait.

 

DV : Et toi, que voudrais-tu lui dire ? 
PR : Je lui ai à peu près tout dit, du fait que nous avons beaucoup parlé et même de ce que je pensais de sa méthode stricte d’éducation. 

 

DV : Qu’il y a-t-il d’italien en Toi ?
PR : La façon de m’exprimer, la gestuelle et sans doute, un côté séducteur.

 

DV : Et de breton ?
PR : Mon amour pour les crêpes (rires). 

 

DV : Es-tu nostalgique de ton enfance ?
PR : Je ne suis nostalgique de rien. Je vis pour la journée que je suis en train de vivre et éventuellement, pour l’avenir.

 

DV : Tout le monde n’a pas la chance de réaliser ses rêves. Toi, si. En es-tu heureux ?
PR : Forcément. Le 10 février 1986 avec la première de Star Quiz, j’ai concrétisé un rêve de 25 ans. Si c’était à refaire, je referai à peu près tout pareil. Toutefois, j’aurai monté une société de production pour produire moi-même des émissions, en animer certaines et lancer de jeunes présentateurs.

 

DV : Dans ta vie, les femmes ont été importantes.
PR : Je leur dois une partie de ma carrière. Mes entrées à Canal+, à France Inter, à TF1 se sont faites grâce à des femmes.

 

DV : D’avoir fait carrière autant à la radio qu’à la télévision t’a-t-il rendu plus compétiteur que tu ne l’as été en arts martiaux ?
PR : Je n’ai jamais été en compétition avec qui que ce soit, si ce n’est avec moi-même. 

 

DV : Tu écris que choisir entre télévision et radio rimerait avec trahir. En quoi cela ?
PR : Parce que ce sont deux plaisirs complémentaires et quelque peu différents. J’ai commencé avec la radio. Ensuite, j’ai été très présent à la télé ce qui ne m’a plus permis d’avoir une quotidienne en radio. 

 

DV : En quoi la télévision te met-elle en joie ?
PR : Elle me permet d’exprimer le talent que j’espère avoir et d’avoir un public.

 

DV : As-tu eu un mentor ?
PR : Non, mais petit, j’aimais le duo que formaient Jean Yanne et Jacques Martin. Leurs interventions télévisuelles étaient à mi-chemin entre de la présentation et du stand up. 

 

DV : Quel regard portes-tu sur ta carrière ?
PR : Un regard bienveillant. Le gamin que j’étais n’a pas trop mal réussit dans l’univers qu’il a choisi.

 

DV : Que penses-tu de la télévision d’aujourd’hui ?
PR : Elle n’est plus la télé de mon enfance et heureusement. Elle n’a eu de cesse de se construire d’évoluer en diversités. Avant, la télé regroupait la famille. On regardait un programme ensemble. Aujourd’hui, elle est devenue un plaisir solitaire. On la consomme autrement, au rythme que l’on veut et de différentes manières, via de nombreuses plateformes et d’autres supports comme la tablette.

 

DV : Cette nouvelle forme de télévision aurait-elle toujours donné envie au jeune Philippe d’en faire ?
PR : Ce n’est pas impossible, bien que je n’aurais pas envie de présenter une émission de variétés. Sans doute parce que le répertoire musical actuel me convient beaucoup moins.

 

DV : Justement, si tu devais revenir dans la petite lucarne, qu’est-ce qui pourrait te plaire ?
PR : Un talk-show. J’aurais ma façon à moi de le présenter, d’apporter mon regard sur la société en général comme je le fais dans mon livre.

 

DV : Et si c’était en tant que comédien dans un téléfilm ?
PR : Jouer dans un téléfilm ou une série serait un espace nouveau qui tenterait beaucoup le comédien de théâtre que je suis.

 

DV : Quid d’un seul en scène ?
PR : Ça m’amuserait. Mais partir seul en tournée à mon âge le serait moins. Toutefois, il n’est pas impossible que j’en écrive un.

 

DV : En parlant d’âge, être septuagénaire, est-ce la décennie du bonheur ?
PR : Je ne le suis que depuis peu et n’ai absolument pas l’impression d’avoir cet âge-là. Je fais tout comme avant et tout comme j’ai toujours fait.

 

DV : Qu’est-ce que tu retiens avec l’âge ?
PR : Que l’on prend plus de recul face aux situations et plus de distance aussi. Que l’on a plus d’humour, plus de souplesse et que l’on prend davantage son temps.

 

DV : Qu’est- ce que le jeune Philippe qui sa cachait sous la table de la cuisine pour regarder « Les Incorruptibles » aurait envie de dire à l’animateur populaire ?
PR : C’est quand ton prochain passage à la télé pour que j’aille me cacher sous la table et le regarder ?

 

DV : Que peut-on te souhaiter ?
PR : Bonne chance pour la suite, car il en faut dans ce métier.

 

"Dites bien à mon fils que je l'aime", de Philippe Risoli - Éditions de l'Archipel - 21 euros